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Des salariés moins impliqués, peu engagés, moins fidèles, certains exigeants, d’autres tyranniques, des patrons sous pression, le monde du travail est soumis à des évolutions taboues, inimaginables il n’y a de ça que quelques années encore. Nous assistons à une indéniable et progressive inversion des rapports qu’il serait bon de regarder pour ce qu’elle est : inquiétante. C’est une véritable bombe à retardement, économique, et culturelle.
La tendance a débuté depuis une dizaine d’années, mettant au départ mal à l’aise une équipe lorsque le comportement d’un collègue devenait inapproprié, obligeant à un recadrage, pas toujours bien apprécié d’ailleurs. Le recrutement et la gestion du personnel sont devenus des sujets de stress pour nombre de DRH, dont la gestion a peu à peu été influencée par la peur d’un recours prudhommal, au point de fragiliser la gestion des entreprises et de nombre d’associations employeurs dont plusieurs se sont mises à laisser beaucoup de place à des salariés perturbateurs. Chacun connait l’exemple de ce salarié peu impliqué et qui pourtant ne fait l’objet d’aucun rappel à l’ordre un tant soit peu ferme. Ces situations, communes, conduisent d’ailleurs les meilleurs éléments à quitter l’entreprise. Ils sont désireux de servir à quelque chose et connaissent les dérives qui s’installent avec ce type de management. Peu à peu ne restent que ceux qui n’ont pas le choix, ou ceux pour lesquels le travail n’a qu’une dimension alimentaire.
On en parle peu, mais nombre de dirigeants de TPE et de PME n’hésitent plus à affirmer que la gestion du personnel est devenue le point noir du fonctionnement de leur entreprise. La situation est telle qu’au-delà des difficultés de recrutement, une grande attention est apportée au maintien des salariés dans leur emploi. Le maximum est fait pour éviter les départs, tant en termes d’augmentations salariales que de réduction des exigences. Au point de fragiliser la gestion d’une activité, ou d’un commerce. On s’échine à trouver du sens, à donner envie de rester. Et cela ne suffit pas.
Certains dirigeants décident de ne pas procéder au remplacement d’un salarié qui vient de partir, de limiter les embauches. D’autres, après avoir cédé leur entreprise, choisissent de ne plus jamais avoir de salariés.
Plus rien ne sera jamais comme avant dans sa vie au travail
“Plus rien ne sera jamais comme avant dans sa vie au travail” titrait La Fondation Jean Jaurès dans un dossier de juillet 2022 qui faisait cruellement l’impasse sur le point de vue des patrons, se contentant de plébisciter les attentes des salariés. Ici réside une partie des limites à apporter à des études dont les approches partielles et partiales obèrent certains aspects pourtant fondamentaux.
Cette nouvelle philosophie du travail, qui consiste à donner plus de place à la vie privée, à la famille, aux loisirs, est tentante, évidemment. Mais c’est oublier bien vite que notre pays a besoin que des travailleurs soient sur les chantiers de construction, dans les restaurants, dans les commerces, dans les centres de tri, les entrepôts, sur les routes, pour participer à la vie du pays. Qu’un nombre important de citoyens réclament plus de temps pour eux ne réduira pas le besoin de construction de logements, de routes, d’infrastructures, ni l’activité agricole, scolaire, ou celle des loisirs. Pour que certains travaillent moins, il est nécessaire que d’autres travaillent plus, ou qu’il y ait plus de salariés à travailler moins. C’est comme ça. Le mouvement perpétuel et les cornes d’abondances sont des mythes.
9 entreprises sur 10 ont du mal à recruter les bons collaborateurs
François Asselin, président de la CPME, a déclaré en juin 2022 que 9 entreprises sur 10 ont du mal à recruter les bons collaborateurs. Une situation explosive d’un point de vue économique, car si les embauches ne se font pas, l’activité économique diminue, les cotisations sociales baissent, les financements nationaux sont moins abondants, dont celui de notre système de retraire. Or la majeure partie de ce qui fait notre pays, son confort, quoi qu’on en dise ou qu’on en pense, dépend de la production des entreprises, quelles que soient leur taille, et d’elles seules (vérifiez si vous le voulez).
Une bombe culturelle à retardement
Mais le risque n’est pas qu’économique. Puisque de moins en moins de Français veulent travailler, et que la France a besoin de travailleurs, le recours à l’immigration est incontournable. Or, on voit mal un pays comme la France rester stable et serein avec d’un côté des Français ne travaillant pas ou peu, manifestants régulièrement pour plus d’aides et un revenu universel, quand dans le même temps les emplois perçus comme difficiles seraient occupés par un nombre croissant d’immigrés. Précisons ici que le curseur de ce qui est qualifié de difficile baisse d’années en années.
Dans un pays qui a déjà à ce point du mal à faire sens commun, où l’on voit l’individualisme s’exprimer à la moindre occasion, la cohabitation sereine de populations aux cultures, intérêts et valeurs différents est un mythe, une illusion.
Nous aurions tort de ne pas nous pencher un peu plus sérieusement et avec discernement sur ce phénomène. Et vite.
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